◀︎  Et demain

9 juin 2020

Demain, on répare

Atelier Aïno

Demain, ça repart. 
Réfléchir à ce que l’on fera dans le monde de demain nous encourage aussi à nous demander ce que l'on ne fera pas.

La retenue

La retenue de la forme architecturale nous semble nécessaire pour retrouver le temps du dialogue, le processus qui permet de clarifier la commande, sa formulation et son adaptation à la demande initiale. Nous souhaitons que ce geste s'exprime dans un échange avec le contexte, les habitants et les entreprises : une équipe pour mener un projet commun. « Faire plus » en amont du projet pour mieux définir la commande afin de "faire moins" par la suite, notamment en utilisant les gisements en place. Réparer les matériaux présents, réutiliser, démolir le moins possible.… grâce au soin porté en amont, on peut travailler en retenue. Mettre en valeur ce qu’on a repéré, les utiliser comme leviers, et faire peu.

Pédagogie et recherche 

Accompagner la formulation des besoins, accepter de déconstruire certaines habitudes ancrées dans la tradition constructive. Pour cela, nous choisissons de saisir les outils à disposition et d’en développer de nouveaux : s’appuyer sur les savoirs-faires des artisans, les recherches initiées par nos confrères et consoeurs, se saisir des dispositifs de recherche et développement existants et de leurs financements publics.

L’appel à projet Filidéchet permet de développer une méthodologie innovante et exemplaire de la réduction des déchets pour le chantier pilote Hélios : réduire les déchets par le réemploi des matériaux et le désamiantage sélectif des colles de carreaux de faïences amiantés, en vue de la réplicabilité de la méthodologie. 

Réparer et prendre soin

En faisant confiance aux savoir-faire de chacun et en acceptant de partagerles connaissances pour permettre un projet commun, nous pouvons encourager un cadre dans lequel la liberté d’expression est possible. C’est là que l’on retrouvera le geste, celui de l’artisan, de l’habitant et du maître d’ouvrage, en qui nous croyons.

Transformer les questions posées aux entreprises dans le but de résoudre les contraintes (mise aux normes, esthétique, solidité) avec une économie de moyen qui limite les apports de matériaux et privilégie le temps passé à réparer. 

Enrichir

La recherche de la rentabilité économique dans la construction a développé des courants d’essentialisme, d’épure. Cela crée parfois un décalage avec le besoin d’appropriation et de confort pour les habitants et usagers des lieux. Comment améliorer sans enjoliver ? Etoffer sans alourdir ? Compléter sans fagociter ? Nous pensons que nous avons un rôle à jouer dans l’accompagnement vers cet équilibre fragile, qui permet de se sentir dans un espace cohérent et confortable, beau qui dégage un sentiment de fierté. L’ornement peut trouver un rôle juste dans les projets. En renouant avec l’histoire du site, l'ornement participera à refléter la nouvelle histoire en devenir, pour concevoir des lieux « appropriables », vivants, uniques, non standards.

La découverte de nombreux papiers peints de qualité sur site, a permis de proposer au maître d’ouvrage une mission de décollage des tapisseries et de leur intégration au lot signalétique du bâtiment. Sans acheminement de matériau nécessaire, le cout des matériaux sert à financer de la main d’oeuvre et du temps d’étude. 

Parfois ne rien faire permet de laisser faire. 

Atelier Aïno, Juin 2020