◀︎  Et demain

25 mai 2020

Herbes sauvages et urbanisme, une cohabitation prometteuse !

Chantal Guézet



Dans ce Paris inhabituellement silencieux où les oiseaux font plus que de bruits que les voitures, parsemé d’un rire d’enfant, rare pour être souligné, nous pouvons jusqu’à percevoir le vent dans le feuillage des arbres. Les rues et ses rares passants, devenus rois pour quelque temps, traversent là où bon leur semblent, sans préoccupation des feux rouges, des ronds points ou des quelques voitures, déambulant alors au milieu des rues.

Seule avec mon unique personne, j’ai tout loisir de m’adonner à la contemplation et de découvrir une nouvelle perspective de la rue parisienne. Je ne soupçonnais pas autant d’endroit où Dame Nature fait bon ménage avec le bitume. Quelle surprise pour moi, parisienne exceptionnelle pendant le confinement, de découvrir que tant d’espaces sauvages, plus ou moins importants, existent aux cœurs de Paris. Je suis frappée de voir comment quelques cm2 peuvent être remplis d’espèces sauvages aussi variées ! J’ai glané de-ci, de-là, quelques endroits aussi nourrissant pour les yeux que pour le cœur, confirmant que la résilience des espèces sauvages nous demande qu’on s’y penche beaucoup plus qu’on ne l’a fait jusqu’à présent.

Nous savons que les lieux dits « sauvage », en « friche » ou encore les quelques forêts primitives sont beaucoup plus résilientes aux différents climats, chaleurs extrêmes ou tempêtes violentes que les forêts ou végétaux cultivés par l’homme.

En ville ces espèces sauvages résilientes se sont installées d’elles mêmes en s’adaptant aux conditions météorologiques, au terrain et sans aucun besoin d’eau supplémentaire. Il leur a juste fallu une tranquillité d’espace et un temps adapté pour leur évolution. Le temps ! Voilà bien un des problèmes essentiels de notre société qui est en complet décalage avec le rythme de la nature ; Comment le promoteur qui cherche à verdir à tout prix la résidence pour vendre au plus vite ses appartements peut-il l’entendre, le comprendre ? Comment continuer de participer de près ou de loin (paysagistes, architectes, mairies, particuliers, …) à la propagation de toutes ces plantes fragilisées, plantées en «urgence», bien souvent non adaptées au lieu ou au climat et qui ont de plus, un énorme besoin en eau pour vivre, si ce n’est des engrais pour les accompagner ?

L’homme peut-il devenir assez humble pour laisser son besoin de contrôle à une « fleur sauvage » qui sait exactement ce dont elle a besoin, où et comment pousser et, à quel rythme ?

Il serait temps que les acteurs qui déterminent notre environnement ouvrent des espaces sauvages, contribuant ainsi à participer à des villes plus vivables, tant au niveau de l’air qu’au niveau visuel, nourrissant nos cœurs et remplissant nos âmes de joie le matin en allant au bureau ou le soir pour se défatiguer de ce denier, ou encore l’écolier sur le chemin de son école se sentirait sûrement plus léger à la rencontre de quelques herbes et fleurs sauvages.

Comme l’artiste qui n’est pas là pour remplir nos poches mais pour remplir nos cœurs, la végétation en ville pourrait être des tableaux de-ci, de-là où seul la nature sauvage serait maître de sa création sans aucune intervention de l’homme si ce n’est de délimiter son espace d’expression, et seulement cela.

Chantal Guézet, Mai 2020


Photos prises lors du confinement dans Paris 18e de la rue Vauvenargue à Montmartre