Paris Haussmann,
modèle de ville

Cette recherche a pour objectif fondateur de déterminer si la forme urbaine héritée du Paris haussmannien peut être considérée comme un possible modèle ou, tout au moins, comme une source d’inspiration pour la fabrique de la ville contemporaine. L’investigation par le dessin et la comparaison par l’analyse visent à démontrer que les intuitions issues de l’observation et du vécu de la ville sont fondées et, surtout, à saisir en quoi la forme urbaine qui en résulte est la conséquence d’une volonté, d’un dessein, d’une planification.

◀︎  Retour

Vue aérienne de Paris, Opéra. © Roger Viollet

LAN, Benoit Jallon, architecte

LAN, Umberto Napolitano, architecte

Franck Boutté
Ingénieur-concepteur en environnement

14 mai 2022
15 min.
Les constatations tirées des analyses menées à différentes échelles – des tracés urbains au vocabulaire de composition des immeubles et de leur face visible – renseignent sur les qualités intrinsèques du tissu parisien haussmannien, tant du point de vue du milieu physique – morphologie urbaine, caractéristiques des éléments construits et capacités d’évolution – que du milieu humain – usages, modes d’appropriation et d’adaptation ou de détournement de celui-ci. Ce regard porté sur le Paris haussmannien révèle une forme urbaine assez fascinante qui, telle une structure fractale, distribue les vides et les pleins de façon efficace à toutes les échelles. La forme urbaine haussmannienne s’apparente à une figure qui, au premier abord, ne se lit pas tel un tissu reproductible – comme pourrait l’être le block new-yorkais ou la matrice de Cerdà à Barcelone –, mais décline en réalité des caractéristiques spécifiques récurrentes dans chacune de ses parties. Issu d’un maillage par triangulation, avec l’objectif de mettre en relation les éléments signifiants majeurs de la ville, le tissu haussmannien est fait de l’assemblage de trames relativement génériques caractérisées, quelle que soit leur taille, par un coefficient d’emprise au sol égal, une densité bâtie identique et un taux de porosité constant, déclinant une série de vides hiérarchisés. L’idée sous-jacente à cette étude consiste à confronter les caractéristiques intrinsèques du modèle urbain haussmannien avec les enjeux et concepts du lexique contemporain de l’urbanisme qui constituent les valeurs de la ville durable : la densité, la résilience, la connectivité, la lisibilité ou l’identité, mais également la sobriété, la mutualisation ou le partage, l’intensité, l’attractivité, la mixité.


Une ville dense

L’observation du type haussmannien nous amène à réinterroger une problématique fondamentale de la forme urbaine : comment rendre optimal le rapport entre les pleins et les vides. Cette question sous-tend de nombreuses logiques dialectiques, voire contradictoires : bâtir dense sans pour autant générer de concentration anxiogène, générer des espaces publics clairs, identifiables et à l’échelle des usagers, offrir une importante densité de services répartis sans créer d’engorgements, permettre une circulation fluide par une trame urbaine assez fine sans pour autant engendrer un linéaire de voirie trop important, maîtriser les pertes de chaleur des bâtiments par des morphologies compactes et néanmoins capables d’accéder à l’air et au soleil, etc.
Plan. Coefficient d’emprise au sol du bâti de 66%. Paris, quartier Opéra. © LAN - Umberto Napolitano et Benoit Jallon / FBC - Franck Boutté
Le tissu urbain haussmannien, observé à l’échelle des tracés, des îlots et de l’immeuble, révèle une capacité à offrir une réponse relativement équilibrée aux besoins antagonistes en termes de pleins et de vides. Il s’agit d’une figure structurée par l’agrégation forte d’éléments fins, qui se caractérise par une capacité élevée à absorber et à distribuer les ressources naturelles en profondeur et de façon homogène ; une forme urbaine qui se situe au juste milieu entre la ville non planifiée, spontanée et celle constituée d’une addition de volumes discontinus hérités de la culture moderne. Le maillage efficient et optimal généré par les tracés, ainsi que l’occupation maximale du sol, la forte mitoyenneté et la hauteur constante du bâti fabriquent à Paris une densité particulièrement élevée. Pour autant, cette forme produit une densité vécue apparemment ressentie comme positive.


Une ville résiliente

La notion de résilience réinterroge la façon de penser le système urbain et ses mutations. Il s’agit de rendre une ville durable en donnant au système urbain la capacité d’absorber des changements tout en gardant sa structure. L’opérationnalité du concept passe par la nécessité d’adapter le fonctionnement du système urbain et de ses composants aux mutations potentielles en matière d’usage, de connexion et, de manière générale, à toute perturbation non planifiée. La réversibilité de l’immeuble de rapport – du fait de la rigueur et de la répétitivité de ses trames constructives, de son hyperstaticité, de la générosité des hauteurs libres développées, du caractère sériel des ouvertures, des modes constructifs et de l’usage de la matière  –, mais aussi la grande flexibilité de l’îlot, ainsi que la cohérence entre la matrice urbaine et les réseaux d’infrastructure, de même que le surdimensionnement initial de ces derniers, confèrent à la ville haussmannienne une capacité impressionnante en termes de mutation et d’évolution, au gré des changements physiques, sociaux et économiques du milieu.


Au fil du temps, les immeubles font souvent l’objet d’importantes transformations : la taille des appartements se réduit, le nombre de lots de copropriété augmente, certains changent d’affectation. © LAN - Umberto Napolitano et Benoit Jallon / FBC - Franck Boutté

Une ville connectée

Le tissu urbain parisien haussmannien se caractérise par un réseau hiérarchisé et ramifié, un maillage fin et fortement interconnecté. Perméable, aisé à traverser, il offre une bonne accessibilité et un potentiel élevé de mobilité. Superposant des tracés rapides rectilignes largement dimensionnés et des tracés lents et sinueux de moindre capacité, l’organisation urbaine fait coexister des connexions de longues et de courtes distances, chacune propice à des modes de déplacement spécifiques, des transports motorisés à la marche. La connectivité du modèle urbain haussmannien est aussi celle du réseau infrastructurel exceptionnel qui accompagne dès l’origine le renouveau urbain et entretient depuis de façon continue des relations très étroites avec la ville du dessus. 
Plan. Diagramme d’accessibilité. Paris, quartier Opéra. © LAN - Umberto Napolitano et Benoit Jallon / FBC - Franck Boutté
Conjointement à l’élaboration des nouveaux tracés et à la construction des immeubles, sont réalisés sous Haussmann les réseaux modernes d’adduction d’eau et d’assainissement. Les nouvelles rues sont doublées d’une galerie en sous-sol, qui forment le maillage particulièrement dense des égouts de Paris. Haussmann et Belgrand ont l’idée de faire transiter dans ces galeries d’autres fluides, comme les conduites d’eau potable et un réseau d’eau non potable. Le réseau de gaz est densifié et la distribution généralisée, entre autres pour l’éclairage des espaces publics. Les candélabres en fonte alimentés au gaz font leur apparition. Les omnibus s’installent et se développent dans le réseau de nouvelles voies dédiées au transport collectif des personnes. Au début du XXe siècle, le réseau ferré de transport métropolitain est réalisé sous la trame viaire primaire, exprimant et renforçant la cohérence et l’imbrication entre le réseau des tracés et des usages urbains du dessus et le réseau infrastructurel servant du dessous. Première expression de la pensée et des pratiques du génie urbain contemporain, cette conception globale de la ville dans ses composantes urbaines et servicielles fait figure de référence au regard des enjeux écologiques et d’efficience énergétique d’aujourd’hui, ainsi que des questions posées par la smart city qui oblige à penser le renouvellement des réseaux comme indissociable de celui de la ville et de ses pratiques.


Une ville lisible et de forte identité

Si la radicalité du principe haussmannien, basé notamment sur la séparation nette entre la rue « théâtre » et la cour « coulisse », prive l’espace public du potentiel offert par la porosité de cœurs d’îlots ouverts ou semi-ouverts (végétalisation, vues, cheminements de traverse), elle offre un modèle dont la façade constitue le véritable seuil entre l’espace public et l’espace privé. Le caractère reconnaissable du paysage construit, dû à la répétitivité du type, au rapport constant des façades des îlots à l’espace public, à la mise en perspective des monuments porteurs de mémoire collective, se traduit par une identité urbaine très affirmée. L’idéal esthétique haussmannien s’impose à toutes les échelles ; chacune des composantes, du mobilier urbain – kiosques, cabinets d’aisance, réverbères – aux garde-corps, aux volets, aux portails, aux fenêtres, au revêtement uniforme des toitures, aux conduits de cheminée, aux matériaux des façades, etc., contribue à dessiner une ville très lisible, qui se place ainsi parmi les meilleurs exemples de cohérence architecturale. Au-delà de la résilience de son armature urbaine et de son patrimoine bâti, l’identité de Paris ne se résume pas à une image figée : le cadre urbain constitue la scène d’une mémoire collective vivante qui évolue avec la société qui l’habite. De cette identité découle un sens aigu d’appartenance et d’appropriation, dont témoignent de nombreux textes littéraires faisant l’éloge de la beauté de la capitale. En perspective avec les modes de production actuels de la ville, ce constat interroge.


Une ville sobre

La sobriété du tissu parisien haussmannien réside dans l’efficacité de la desserte, doublement mesurée : premièrement, par un linéaire de voirie parmi les plus faibles sur le panel des secteurs de villes étudiés et, secondement, par un rapport entre le linéaire de voirie et la part d’emprise accessible extrêmement faible (deux fois inférieur à la plupart des cas étudiés et jusqu’à quatre fois inférieur pour le cas de Moscou, du fait de l’emprise au sol densément construite à Paris). En d’autres termes, dans le tissu haussmannien, l’accès à de nombreuses parcelles bâties nécessite peu de linéaire de voirie. La compacité très significative de la forme urbaine installe une forme de frugalité et d’efficacité. La sobriété du tissu haussmannien concerne également la grammaire formelle et compositionnelle des éléments qui le constituent, des tracés jusqu’au langage et à l’écriture des éléments d’ordonnancement et d’ornement des immeubles. Combinant à la fois peu de types primaires et une déclinaison de variations pourtant riche et diversifiée, mais également quelques règles simples valables aux différentes échelles, ce mode de fabrication renforce le caractère fractal de la forme urbaine parisienne.


Une ville de partage

L’application des principes du développement durable à la construction des bâtiments a fait émerger un temps comme recherche d’idéal le principe de la compensation et de l’autonomie. Un bâtiment ne pourrait être écologique que s’il produit autant qu’il consomme d’énergie, d’eau, de nourriture,  etc. Cette recherche, louable dès que l’on se positionne à l’échelle de la planète, est, à l’échelle de l’entité bâtie, en total contresens avec le principe même de la ville. Le partage est l’essence de la ville. Les établissements humains trouvent tous leur origine dans l’idée de la mise en commun, de la mutualisation, du partage, qu’il s’agisse de ressources, d’infrastructures ou de services. Le partage dans la ville haussmannienne est issu de la qualité du tissu et du caractère très fortement agrégatif de l’îlot, composé d’un nombre plus ou moins élevé de bâtiments, entretenant de fortes connexions et des liens importants de mitoyenneté entre eux. À l’instar d’un réseau, la diversité et la qualité des connexions sont tout aussi importantes, voire plus que celles des entités qui le composent. L’îlot ou l’immeuble s’expriment peu pour eux-mêmes ; ils sont au service d’un intérêt urbain supérieur, en termes d’esthétique et d’identité mais également de ressources et d’efficience. Considéré isolément, l’immeuble de rapport de type haussmannien apparaît, au premier abord relativement peu efficace, du moins d’un point de vue énergétique : il est peu compact et présente un développé de façade important. Agrégé à l’échelle de l’îlot, mitoyen et faisant corps avec ses voisins, il acquiert ses qualités, de façon équilibrée entre performances et confort d’usage. La très forte mitoyenneté y est pour beaucoup ; horizontale par la superposition régulière des niveaux et, pour 50 % des surfaces d’enveloppe verticale, celle-ci joue le rôle d’un isolant efficace et à faible empreinte environnementale car sans matériau rapporté, mais également celui de stockage inertiel, régulant et atténuant les échanges entre les milieux qu’elle met en relation. Conséquence notable de cette synergie et des mutualisations interimmeubles, la consommation d’énergie du tissu haussmannien s’avère beaucoup moins élevée que celle attendue par le calcul.


Une ville intense

Plan. Nombre de services accessibles à moins de 400m à pied : 175. Paris, quartier Opéra. © LAN - Umberto Napolitano et Benoit Jallon / FBC - Franck Boutté
L’exceptionnelle densité générée par le tissu haussmannien d’une part, le potentiel d’usages extrêmement variés des rez-de-chaussée des immeubles de rapport qui le composent d’autre part, ainsi que la très bonne connectivité du tissu haussmannien, apparaissent comme des critères forts, explicatifs de l’exceptionnelle activité de la ville. Indépendants, reproductibles et transposables, ces critères typo-morphologiques contribuent à faire de Paris un exemple particulièrement réussi d’intensité urbaine. D’un point de vue quantitatif, le tissu parisien se caractérise par un nombre très élevé de commerces et de services de tous types, ainsi que par une distribution homogène de ceux-ci, révélant la diversité et la cohérence de l’unité de voisinage. D’une certaine manière, on peut dire que Paris se caractérise par une intensité homogène et diffuse qui se traduit par une forme de polycentrisme.


Une ville attractive

Depuis une dizaine d’années, l’attractivité est devenue pour les villes une notion cruciale. Le pouvoir d’attraction d’une ville peut se mesurer à la fois très objectivement à partir de différents indicateurs économiques, sociaux et culturels, et subjectivement au travers d’enquêtes d’opinions ou d’audits urbains. Paris se situe en quatrième position parmi les villes les plus attractives au monde, selon la dernière édition du classement réalisé par PwC[1]. Outre les politiques urbaines, démographiques, économiques et culturelles, la fabrique urbaine impacte de façon importante ce classement. Pour le cas de Paris, la très forte densité, accompagnée d’une offre de service homogène et diffuse sur la totalité du territoire, l’identité basée sur des valeurs esthétiques affirmées et généralisées, la grande réversibilité des structures urbaines et des ensembles bâtis, qui autorisent à tout moment l’accueil de nouveaux modes de vie, etc. sont des qualités inhérentes de la ville, héritées du modèle urbain haussmannien.


Une ville mixte

La mixité est un facteur essentiel de la cohérence urbaine, parce qu’elle permet la cœxistence pacifique des fonctions hétérogènes essentielles de la ville et des populations variées composant la cité, mais aussi parce qu’elle participe, avec la densité et le polycentrisme, de la réduction à la source des besoins de déplacement. De nature multiple, la mixité peut être fonctionnelle ou programmatique, sociale dans ses différentes acceptions, générationnelle. Résultat de choix politiques, de la définition de règles urbaines et de la mise en œuvre d’outils d’urbanisme opérationnels, la mixité, suivant ses différentes facettes, est considérée comme dépendant a  priori peu de l’infrastructure urbaine, tant en ce qui concerne la forme de la ville que la structuration ou la composition des immeubles. Pourtant, à l’instar de la marchabilité, qui représente pour une ville un potentiel de mobilité piétonne élevée, la capacité d’accueil de fonctions et de populations diverses, que l’on pourrait définir par le néologisme « accueillabilité » d’une structure urbaine, constitue indéniablement un facteur de mixité. De ce point de vue, la forme urbaine haussmannienne présente quelques atouts majeurs  : à l’échelle de la ville avec, dès l’origine, l’accueil au cœur de la capitale de fonctions servantes (infrastructures ferroviaires, espaces de logistique, réservoirs d’eau potable,  etc.), dont le maintien sur place constitue un des enjeux des opérations d’urbanisme parisiennes actuelles ; mais, surtout, par les propriétés extraordinaires de malléabilité, de flexibilité et de réversibilité des figures types de l’îlot et de l’immeuble. La facilité de densification ou de dé-densification, de regroupement et de dégroupement, d’accueil de fonctions diverses à l’échelle de l’îlot, la possibilité de substitution d’un immeuble à un autre au sein d’un îlot, ou encore la capacité des immeubles de rapport à accueillir au même moment et au fil des années tout type de programme (logement, bureau, commerce, activité, etc.) sans que cela en change l’esprit ou l’expression urbaine, constituent des éléments déterminants de la forte mixité programmatique de la ville centre jusqu’à l’échelle de l’immeuble et même au niveau du palier. Si Paris se caractérise par une forte densité de population – la plus élevée des villes européennes –, elle accueille également une densité d’emplois notable. Selon les chiffres de l’Apur compilés en 2004[2], la densité de population de Paris est de plus de 200  hab/ha pour la ville centre, soit 30 % de plus que celle de Barcelone sur le périmètre équivalent, deux à deux fois et demie celles de Berlin et de Londres respectivement, jusqu’à six fois celle d’Amsterdam. Et la tendance est encore plus marquée concernant la densité d’emplois : elle est de 160 emplois/ha pour la ville centre de Paris, soit 70 % de plus que Barcelone, deux fois et demie celle de Berlin, plus de quatre fois celle de Bruxelles et de Londres, et jusqu’à huit fois et demie celle d’Amsterdam. À noter que ces tendances concernant la densité de population et d’emploi demeurent identiques à l’échelle de l’aire métropolitaine, avec des écarts en général moins marqués. Par ailleurs, l’étude de la densité de l’emploi à Paris fait apparaître aujourd’hui une moyenne relativement constante d’emplois sur l’étendue du territoire parisien, à l’exception de certains arrondissements (2e, 8e et 9e) mieux dotés. Par le tissu haussmannien de Paris intra-muros et ses déclinaisons hors de son enceinte, la très forte « accueillabilité » de la ville se mesure ainsi par une densité urbaine et une mixité fonctionnelle à la fois inégalées et distribuées de façon assez largement homogène. Conséquence en termes de mobilité : 68,4 % des Parisiens travaillent dans la capitale et seuls 31,6 % d’entre eux se déplacent hors de Paris.


Paris Haussmann, modèle de ville ?

Le tissu parisien haussmannien se révèle, aux différentes échelles et dans chacune de ses composantes, porteur d’un ensemble de caractéristiques qui garantissent plusieurs équilibres fondamentaux : entre densité et viabilité, entre permanence et résilience, entre sobriété et diversité, entre connectivité de longues et de courtes distances, entre identité et universalité, entre intensité et urbanisme d’accueil, entre attractivité et caractère inclusif. À l’heure où la métropole s’interroge sur son identité territoriale et son efficacité spatiale, l’exemple du Paris haussmannien fait ainsi figure possible de modèle. Ce modèle, issu d’un dessin et d’une planification, est à l’origine d’une œuvre multiple, embrassant plusieurs grandes divisions qui se réunissent pour former un ensemble, un tout complet et harmonieux.

 
 Le tissu parisien haussmannien se révèle, aux différentes échelles et dans chacune de ses composantes, porteur d’un ensemble de caractéristiques qui garantissent plusieurs équilibres fondamentaux : entre densité et viabilité, entre permanence et résilience, entre sobriété et diversité, entre connectivité de longues et de courtes distances, entre identité et universalité, entre intensité et urbanisme d’accueil, entre attractivité et caractère inclusif..  


À sa manière, Haussmann lui-même rendait hommage aux personnalités auxquelles nous devons cet héritage : "Ne suis-je pas obligé sans cesse de rappeler la vérité, au sujet des voies magistrales que j’ai fait ouvrir à travers cette cité désormais sans rivale dans l’Univers et des autres grands travaux qui l’ont si prodigieusement embellie et dont on me décerne l’honneur, parce que j’ai su, malgré toutes les oppositions, en dépit de toutes les jalousies – que dis-je ? –, de tant de trahisons intimes, en mener à fin la très majeure partie. Mon devoir est cependant de rappeler que la pensée première de cette entreprise sans exemple revient à l’Empereur Napoléon III, qui m’avait fait venir de Bordeaux à Paris, précisément pour se servir de moi comme d’un agent sûr, éprouvé ; comme d’un instrument d’exécution convaincu, dévoué sans réserve, pour la réalisation de ses grands desseins. De même à mon tour, j’ai mandé successivement plus tard, de leurs Provinces respectives, pour me suppléer chacun dans sa sphère, M. Alphand, M. Belgrand et bien d’autres moins connus qu’eux[3]."


Publié dans l'ouvrage « Paris Haussmann. Modèle de ville » édité par le Pavillon de l'Arsenal en 2017.



1.« Cities of Opportunity 7 », 7  septembre 2016, classement millésimé réalisé par le cabinet PwC sur la base d’un panel international de trente villes analysées selon dix indicateurs et soixante-sept variables permettant de mesurer la santé sociale et économique des villes leaders en termes de commerce, de finances et de culture.
2. Apur, « Déplacements dans les villes européennes », janvier  2004.
3. Mémoires du baron  Haussmann [1890-1893], 2  tomes, Paris, Guy Durier éditeur, 1979
.



LAN, Benoit Jallon et Umberto Napolitano
LAN (Local Architecture Network) a été créé par Benoit Jallon et Umberto Napolitano en 2002, avec l’idée d’explorer l’architecture en tant que matière au croisement de plusieurs disciplines. Cette attitude, aujourd’hui devenue méthodologie, permet à l’agence de parcourir de nouveaux territoires à la recherche d’une vision impliquant à la fois les questions sociales, urbaines, écologiques, et fonctionnelles. Les projets concrétisent cet esprit d’ouverture et couvrent un spectre très large d’échelles et de programmes : le théâtre du Maillon (Equerre d’argent 2020), la tour Euravenir (nominé au Mies van der Rohe Award 2015 et Prix Soufaché de l’Académie d’Architecture), les logements expérimentaux de Begles (Biennale de Venise 2016), la résidence étudiante de la Rue Pajol (premier prix national BigMat), les archives départementales EDF (Leaf Awards 2011), les Neue Hamburger Terrassen (International Architecture Awards en 2014) sont quelques-uns des opérations iconiques que l’agence a produits ces deux dernières décennies. LAN travaille actuellement en Europe (France, Belgique, Allemagne et Slovénie) et s’ouvre à l’international à travers les expériences au Moyen Orient et en Asie.

Franck Boutté
Franck Boutté, architecte-ingénieur a fondé il y a 15 ans FBC l’atelier d’ingénierie créative et de co-conception environnementale composé de 35 profils complémentaires, d'ingénieurs, d'experts techniques, de consultants en développement soutenable et de designers-architectes qui accompagnent au quotidien les acteurs de l'immobilier et des territoires.