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L’objet de design a le pouvoir d’utiliser le vivant dans sa composition, sa forme, son caractère ornemental et son processus de production. Sa conception doit répondre aux défis qui s’imposent à notre environnement bâti, en trouvant des alternatives à l’épuisement des ressources et des moyens de diminuer son empreinte carbone. Travaillant à réduire l’impact énergétique des processus de fabrication (en excluant les procédés de cuisson par exemple) et libérant le potentiel technique et esthétique de matériaux issus d’une matière organique disponible, trois projets de design, lauréats de la plateforme d’expérimentation FAIRE, innovent pour faire dialoguer tissus vivants et objets inanimés. L’exposition Matières Vivantes en présente les tests, échantillons, et prototypes.
Mis au point respectivement par Marlon Bagnou-Beido et Soufyane El Koraichi, Aléa, ainsi que César Bazaar et Pavillon Noir Architectures, ces trois recherches-expérimentations conçoivent avec ce qui est disponible, ressource organique ou recyclée, en interrogeant les processus de fabrication et leur résultat formel.
En utilisant le sol comme moule accueillant des cultures de mycélium, structure racinaire des champignons, les designeuses Miriam Josi et Stella Lee Prowse, fondatrices du studio Aléa, créent un processus de production « bio-inclusif » - qui conçoit la nature comme un partenaire - , et intégré dans son environnement. À travers le projet « Back to dirt », ce procédé permet de contourner des contraintes ou des écueils de fabrication : conditions de mycofabrication traditionnelles comme la stérilisation, mobilisation d’énergie supplémentaire, utilisation de moules plastiques… Au-delà de l’objet fini, Aléa se concentre sur la capacité du mycélium à décontaminer les sols et à contribuer à la biodiversité. À l’aide de cette matière vivante, les deux designeuses conçoivent des objets d’exposition qui sont eux-mêmes évolutifs et permettent aux visiteurs de voir la transformation de la matière tout au long du temps d’exposition.
En recyclant le papier, matériau issu de la décomposition de fibres végétales, les « Carreaux de papier » développés par Aude Le Stum et Nicolas Bellet, architectes fondateurs de l’agence Pavillon Noir Architectures, et César Bazaar, créateur et ingénieur, réinterprètent les carreaux de ciment de façon durable, en remplaçant la recette traditionnelle par un mélange composé de papier. Chaque année en France, nous consommons près de 9 millions de tonnes de papier, soit l’équivalent de 130 kilos en moyenne par habitant. Avec des dimensions similaires à un carreau traditionnel de ciment, le carreau de papier est en moyenne 40% plus léger que son homologue 100% ciment. D’une résistance à la compression similaire au béton, il est résistant au feu et possède une isolation thermique et acoustique intéressante. Couplé aux techniques actuelles, le papier apparaît donc comme une ressource idéale dans le milieu de la construction. En dalles ou comme revêtement, il vient alléger les quantités de sable et de ciment utilisés, avec pour objectif final de remplacer au maximum ces derniers.
* Lancée par le Pavillon de l’Arsenal et la Ville de Paris, avec le soutien de la Caisse des Dépôts et MINI, la plateforme FAIRE invite les équipes pluridisciplinaires, architectes, urbanistes, paysagistes, designers à proposer des projets de recherche et des expérimentations innovantes pour répondre aux grands défis urbains : climat, crise des matériaux, nouvelles technologies, solidarité, propreté, mobilité … Depuis 2017, FAIRE a déjà accompagné plus de 80 équipes pluridisciplinaires et fédéré plus d’une centaine d’acteurs engagés aux côtés des lauréats pour accompagner leurs démarches expérimentales.