Lacaton & Vassal : l'espace et son double

cours #3 - MANIÈRES DE CONSTRUIRE DES MONDES

Conférence du 1er mars 2014 Par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Ecoles nationales supérieures d'architecture

écouter en podcast

Lacaton et Vassal semblent a priori s'intéresser à construire un maximum de mètres carrés de surface habitable au moindre coût pour déplacer le centre de gravité de l'architecture du qualitatif vers le quantitatif. Mais une opposition générative vient cependant organiser cette propension au plus de surfaces, au plus de volumes appropriables. Une opposition qui s'exprime de manière éclatante dans la maison à Coutras ou dans le récent FRAC Nord-Pas-de-Calais : celle d'un espace minimum et de son autre contradictoire. Elle renvoie à l'une des figures majeures de la mythologie occidentale : la figure du double. Caïn et Abel, Romulus et Remus, ou surtout Prométhée et Épiméthée, le héros de la raison et du progrès et son jumeau qui valorise la déraison et l'immobilité… Ainsi dans la plupart de leurs projets s'opposent : d'un côté, un espace strictement pensé et organisé qui pourrait s'inscrire dans la continuité du projet moderne ; de l'autre, un espace supplémentaire, un espace inassignable. D'un côté, l'espace du probable ; de l'autre, l'espace de l'improbable et des possibles.