Architectures en fibres végétales du Grand Paris

Zoom sur quatre réalisations métropolitaines

Rencontre du jeudi 17 février 2022

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Paille porteuse ou isolante, béton de chanvre, toiture en chaume … Les fibres végétales reviennent dans le vocabulaire métropolitain. Quelques architectes pionniers explorent leurs potentiels : croissance rapide, filières courtes, stockage carbone, confort d’usage … Au travers de projets réalisés à Boulogne, Paris et Saint-Denis, ils démontrent qu’il est possible de bâtir autrement, en s’appuyant sur des ressources disponibles en quantité juste à portée de main et des savoir-faire vernaculaires sans renoncer à l’innovation. Organisée dans le cadre de l’exposition « TerraFibra architectures » cette rencontre engage un dialogue renouvelé tant pour la construction que la rénovation et témoigne du potentiel des matériaux biosourcés locaux pour répondre au défi climatique et à la nécessaire adaptation des systèmes constructifs.


19h00 - 20h30
Rencontre autour de quatre réalisations métropolitaines avec

Axel Adam & Camille Ricard, architectes - Moonwalklocal
Chaume urbain, Saint-Denis

Christine Desert, architecte - North by Northwest
Laurent Mouly, ingénieur - LM Ingénieur

Immeuble de 15 logements, Boulogne-Billancourt

Emmanuel Pezrès, architecte en chef & Charlotte Picard, architecte - Ville de Rosny-sous-bois Centre de loisirs Jacques-Chirac, Rosny-sous-Bois

Clara Simay & Julia Turpin, architectes - Grand Huit
La Ferme du Rail, Paris 19

20h30 - 21h30
Nocturne, visite libre de l’exposition "TerraFibra architectures" en présence des architectes invités.

Soirée animée par
Dominique Gauzin-Müller
Architecte-chercheuse et co-commissaire scientifiques invitées de l'exposition "TerraFibra architectures"

Présentation des projets


IMMEUBLE DE 15 LOGEMENTS, Boulogne-Billancourt
North by Northwest Architectes, LM Ingénieur ; Groupe 3F

Le quartier Silly-Gallieni est l’un des plus dynamiques de Boulogne- Billancourt : équipements publics, services et commerces y côtoient des immeubles d’habitation de deux à dix niveaux, bien desservis par les transports en commun. Dans le cadre de la densification du tissu urbain, une maison construite sur une parcelle de 241 m2 a été remplacée par cette résidence de 15 logements. Le squelette en béton armé avec un remplissage en chaux-chanvre de 22 cm est cinq fois moins lourd que des voiles de béton avec isolation rap- portée. Cette légèreté, la facilité de mise en œuvre et la rapidité d’exécution présentaient plusieurs avantages sur ce site difficile : sous-sol fragile et terrain très petit pour du R+8. La chènevotte utilisée sur ce chantier provient de l’Aube, mais des filières plus locales se développent depuis en Seine- et-Marne et dans le Gâtinais. Produit en Île-de-France en circuit court, le chanvre participe à la valorisation d’une agriculture raisonnée, promouvant la rotation des cultures et la régénération des sols.

LA FERME DU RAIL, Paris 19
Grand Huit architectes ; Mélanie Devret, Scoping, Toreana Habitat, Albert & Co, Pouget Consultants, BTP Consultants ; Réhabail, associations Atoll 75, Travail et vie et Bail pour tous

La Ferme du Rail a été la première réalisation de l’appel à projets Réinventer Paris 1, lancé en 2014 par la ville. Cette opération militante, initiée par des habitants et associations du 19e arrondissement, prouve qu’un autre mode de vie est possible, même à Paris. Son modèle économique écoresponsable, fondé sur les circuits courts, allie maraîchage urbain et solidarité afin de générer une activité agricole créatrice d’emploi. Deux constructions en bois isolées en paille encadrent le potager. À l’est, la résidence héberge quinze personnes en insertion et cinq étudiants en horticulture. Au nord, le bâtiment d’exploitation regroupe une grande serre, des ateliers, une champignonnière et un restaurant. Les clients y dégustent les fruits et légumes produits sur le site et ceux d’agriculteurs partenaires. La Ferme du Rail, c’est aussi un équipement de quartier qui fournit plusieurs services : collecte et traitement des déchets organiques, entretien des espaces verts, organisation d’ateliers et de manifestations, etc. Un projet frugal, joyeux et créatif.

CENTRE DE LOISIR JACQUES-CHIRAC, Rosny-sous-Bois
Ville de Rosny-sous-Bois, direction Recherche et Innovation territoriale

Le centre de loisirs Jacques-Chirac accueille 180 enfants dans l’enceinte du groupe scolaire Bois-Perrier. Le regroupement des activités périscolaires et extrascolaires dans un nouveau bâtiment a permis de créer des classes de maternelle et de primaire dans les locaux libérés. Pour la Ville de Rosny-sous-Bois, pionnière de l’architecture frugale en matériaux biosourcés et géosourcés, cette opération en paille porteuse sur deux niveaux marque une nouvelle étape vers l’objectif de réduction de l’empreinte environnementale de son parc immobilier. Le bâtiment, légère- ment cintré, est compact pour réduire les déperditions thermiques et ventilé naturellement grâce à cinq tours à vent. Sa façade sud est largement vitrée pour capter un maximum d’apports solaires ; les autres, plus opaques, protègent le bâtiment des pluies et des vents dominants. Les choix tech- niques innovants ont été discutés en amont avec le bureau de contrôle afin d’éliminer d’éventuels blocages. Ils ont aussi donné lieu à de nombreux échanges au sein des services de la mairie pour optimiser l’exploitation de l’équipement.

CHAUME URBAIN, Saint-Denis
Moonwalklocal architectes ; CUBE ingénieurs, Mobius, Lab-ingénierie ; Icade

À Saint-Denis, le groupe immobilier Icade a reconverti l’ancien site des entrepôts et magasins généraux de Paris en parc tertiaire regroupant sièges sociaux de grands groupes, petites et moyennes entreprises, start-up et acteurs de l’audiovisuel et du numérique. Chaume urbain est une rue couverte qui protège de la pluie et du soleil les employés et visiteurs qui sortent du métro pour rejoindre ces immeubles de bureau. Ce projet atypique est avant tout l’expression de l’engagement des architectes. L’agence Moonwalklocal veut en effet développer le réemploi et l’usage des matériaux biosourcés, et soutenir la main-d’œuvre et les savoir- faire artisanaux plutôt que l’industrie. Son prototype à l’échelle 1 concrétise un des éléments d’un concours de rue couverte composée de plusieurs tronçons. Installé sur un site provisoire, il rejoindra son environnement final lorsque les travaux d’aménagement du quartier d’affaires seront terminés. Longue de plusieurs centaines de mètres, la future rue couverte bordera deux voies perpendiculaires, dont l’angle sera marqué par l’anneau de chaume.