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« Après l’escalier, l’ascenseur, le tuyau et le rideau, cette nouvelle saison de l'Université Populaire aborde la porte, la rampe, le balcon et le garde-corps... Ces éléments seront considérés comme des dispositifs orthopédiques cherchant à nous transformer, à nous éduquer. Ainsi la porte ne doit pas être comprise comme une simple découpe dans un mur mais comme un seuil qui nous prépare psychologiquement au passage d’un espace à un autre. Elle s’ouvre sans transition en jouant sur la surprise ou se développe comme une succession de séquences déterminant un parcours. De même, la rampe n’est pas une simple circulation, elle implique un mouvement presque processionnel, imprimant un rythme, une chorégraphie aux corps qui l’empruntent. Quant au balcon, il ne doit pas être appréhendé comme un simple prolongement du logement. C’est un espace autre, un lieu des possibles indispensable à la constitution de l’imaginaire d’une habitation contemporaine. Enfin le garde-corps, en empêchant les gens de tomber dans le vide et en les immunisant contre le vertige, réaffirme le caractère maternel et protecteur de toute architecture.
En parcourant des exemples puisés çà et là dans l’histoire et dans la production récente, nous verrons comment chacun de ces éléments hétérogènes cherche à se présenter comme principiel ... » - Richard Scoffier
COURS #2 : LA RAMPE
Sans l’effort physique que réclame l’escalier ou l’attente que nous impose souvent l’ascenseur, la rampe assure un passage d’une fluidité maximale entre des espaces placées à des hauteurs différentes. Minimisant les ruptures elle s’associe intimement au projet moderne qui milite en faveur d’un espace unifié, sans mur, ni porte et sans secret : un espace d’une fluidité absolue. Ainsi Le Corbusier l’emploie-t-il à plusieurs reprise : à la Villa Savoye à Poissy en 1931, au Centrosoyouz à Moscou en1933 ainsi qu’au Carpenter Center de l’Université de Harvard en 1963. Elle sera rapidement adoptée par les architectes brésiliens : à Rio, par Oscar Niemeyer ; à São Paulo par João Batista Villanova Artigas pour la Faculté d’Architecture (1968) et par Paulo Mendes da Rocha pour le SESC 24 di Maio (2017) : des montées processionnelles qui accordent à ces bâtiments laïques un caractère presque liturgique.
Claude Parent et Paul Virilio verront en elle dans les années 60 le moyen de dépasser certaines oppositions fondamentales : entre les constructions horizontales et verticales, entre les circulations et les pièces d’habitation... Elle leur permettra de théoriser la Fonction oblique et la Circulation habitable. Des notions radicales qui donneront lieu à des propositions utopiques et qui seront, trente ans plus tard, déradicalisées et rendues opératoires par Rem Koolhaas dans des projets très concrets: le Kunsthal de Rotterdam (1992), l’Educatorium d’Utrecht (1995) ou le concours pour la Bibliothèque de Jussieu (1992).