Soigner - Les actes fondamentaux III

Université Populaire 2021

Masterclasse du 27 février 2021 Par Richard Scoffier, Architecte, Professeur & Philosophe

Comme les années précédentes, nous allons revenir sur des actes triviaux qui nous paraissent naturels mais qui ne le sont pas, parce qu’ils sont produits par des dispositifs architecturaux qui, telles les mains d’un sculpteur, les modèlent et leur donnent forme. Jardiner, soigner, punir, jouir...

Entrons d’abord dans le jardin. Il peut apparaître, plus que la ville qui échappe toujours à ses auteurs, comme le but ultime de toute architecture. C’est un environnement composé sur mesure autour de l’être humain. Une nature de synthèse qui permet à l’homme de se développer de manière optimale, contrairement à la vraie nature qui ne tolère qu’à peine ce parasite en son sein. Puis, abordons les équipements qui soulagent et qui soignent : les hospices, les hôpitaux, les sanatoriums, les maisons de retraite. Ces lieux expriment de manière paroxystique la mission de protection et de sauvegarde qui semble au cœur de la discipline architecturale, rappelant ces appareillages - perfusions, électrocardiogrammes, respirateurs - chargés de maintenir la vie humaine envers et contre tout. Pourtant l’architecture est aussi liée à l’idée de contrainte, de coercition, de tutorat... C’est la porte que nous franchissons dans le troisième volet de cette tétralogie, en entrant dans les prisons et les maisons de correction. Enfin, abordons la question de la jouissance et du plaisir. Des actes que les constructions semblent incapables d’assouvir autrement qu’en s’offrant à la destruction : démolition de la Bastille, incendie des Tuileries ou pillage des Champs-Élysées.


SOIGNER
27 février 2021

Revenons sur l’hôpital, sur son passé et son avenir. Issu du lazaret et de l’hospice où étaient simplement mis à l’écart les populations déviantes, malades ou contaminées par les épidémies, il s’est peu à peu transformé en «Machine à guérir» pour reprendre l’expression de Michel Foucault. Un équipement médical qui trouvera son apothéose dans le sanatorium, où avant l’invention de la pénicilline, les patients étaient exposés à l’air et à la lumière pour guérir la tuberculose. Mais voyons aussi ces équipements comme des mécanismes capables de reproduire des ambiances paradisiaques autour des corps malades, comme celles promises par Le Corbusier dans sa nappe en suspension au-dessus des eaux de Venise, et surtout les vastes espaces horizontaux, ouverts et ventilés, construits au Brésil par Joao Figueras Lima - dit Lelé - pour les accidentés de la route. Avant d’aborder les réglementations pour personnes à mobilité réduite qui transforment les parcs de logements en d’immenses espaces médicalisés potentiels, ainsi que la place de l’hôpital dans la ville d’aujourd’hui de nouveau confrontée aux pandémies

Biographie

Richard Scoffier est architecte et titulaire d'un diplôme d'études approfondies de philosophie. Après avoir obtenu en 1991 les Albums de la Jeune Architecture, il fonde une agence à Paris dont les maquettes d'étude ont été exposées dans plusieurs Maisons de l'Architecture.

Professeur titulaire de théories et pratiques de la conception architecturale et urbaine à l'ENSA de Val-de-Seine, il exerce une activité de critique et collabore depuis plus de dix ans à la revue d'A. Il a notamment publié : Scènes d'Atelier, le catalogue de l'exposition de Christian de Portzamparc au Centre Pompidou, en 1996 ; Les villes de la puissance, aux Éditions Jean-Michel Place, en 2000 ; Les 4 concepts fondamentaux de l'architecture contemporaine, aux Éditions Norma, en 2011, et le tome III de la monographie de Christian Hauvette, aux Archives d'Architecture Moderne, en 2015. Ces articles et ces ouvrages lui ont valu de recevoir en 2013 la médaille de l'analyse architecturale décernée par l'Académie d'Architecture.


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