À l’occasion de l'exposition "Lieux sacrés" et du livre qui lui est consacré, le Pavillon de l'Arsenal donne la parole au journaliste et critique littéraire Léonard Desbrières pour mettre ce thème en perspective, entre pop culture, littérature, art et architecture.
" Comment oublier la stupeur, l’effroi et la tristesse, cette paralysie inquiète qui pendant plusieurs heures, le 15 avril 2019, s’est emparée de la France entière, alors que les flammes étaient en train de consumer Notre-Dame ? On se souvient encore des dizaines de documentaires diffusés à la télévision pour raconter l’incendie et la reconstruction ; des fictions à grand spectacle inspirées par le drame, au premier rang desquels le film Notre-Dame brûle de Jean-Jacques Annaud et la série La Part du feu d’Olivier Bocquet et Hervé Admar ; ou encore des innombrables ouvrages publiés à cette occasion, de la réédition du classique de Victor Hugo à la déclaration d’amour de Sylvain Tesson Ô reine de douleur. On repense surtout à l’engouement suscité par la réouverture de la cathédrale et la cérémonie en grande pompe organisée le 7 décembre dernier par le chef de L’État avec autour de lui tout ce que le monde compte de puissants. C’est peu de dire que la destruction du monument religieux le plus emblématique de Paris a profondément marqué la France, comme si on venait soudainement de lui arracher une partie d’elle-même. Voilà donc un drôle de paradoxe à une époque où la croyance religieuse s’effrite. Si les Parisiens et plus largement les Français ne se ruent plus dans les Églises pour assister à la messe, ils tiennent encore plus que tout aux lieux majestueux qui les abritent car ils sont les emblèmes d’une histoire, d’une tradition mais aussi d’un paysage encore marqués par le catholicisme.