Restructuration et surélévation d'un immeuble de logements sociaux

Vazistas et Fay

Publié en Septembre 2016 Maitrise d'ouvrage : Élogie
Maitrise d'oeuvre : Vazistas (Hellhake + Graves architectes) et Fay architecte

"Ce bâtiment, fin XIX ème , fait partie du grand programme d’extension de la ville de Paris amorcée dans les années 1860. Immeuble de rapport, construit aux limites de la ville, il proposait logiquement des plateaux de logements découpés en petites unités..."

A son acquisition, le maître d’ouvrage souhaitait retravailler la partition des niveaux pour proposer des logements familiaux plus grands et bien sûr régler en profondeur les pathologies du bâtiment.

Cette réhabilitation tire ses premières forces dans la rencontre entre la maîtrise d’œuvre et le maître 
d’ouvrage, liés dès le départ par l’exigence commune d’un travail axé sur l’usage et sur la qualité des équipements.
Rapidement, à l’appui du diagnostic technique et financier du projet, l’équipe a proposé de surélever le bâtiment au maximum des possibilités du règlement : en effet, la réhabilitation des logements existants sous comble supposait des coûts financiers disproportionnés en regard des possibilités d’aménagements que proposaient ces logements. Par cette extension, il était donc question de construire plus de logements, plus grands et surtout de saisir la réhabilitation comme l’occasion de densifier la ville sur elle-même.

La seconde orientation de travail portait sur les logements et leurs qualités. L’implantation en angle du bâtiment qui couvre d’Est en Ouest la course du soleil, a été un élément déterminant dans leur organisation spatiale.
A partir de ces orientations, les cloisonnements prennent comme axes les baies existantes et les mettent en perspective. Ce dispositif simple permet de travailler sur la sensation d’un espace plus grand, traversant, étiré au dehors par les vues qu’il met en place.
Conjointement, la lumière pénètre ainsi au cœur du bâtiment et une même pièce de vie dispose du soleil à plusieurs moments de la journée.
Se lie à ce travail un principe de matériaux et de colorimétrie des logements qui cherche à créer
un espace singulier et caractérisé, mais doux et retenu.

Toujours sur la question de l’usage, et soutenu par le maître d’ouvrage, les équipements des logements ont fait l’objet d’une prescription précise qui poursuit une logique multiple ; tout d’abord celle d’inscrire la dépense publique dans une perspective durable : les équipements simples et robustes sont sélectionnés avec exigence dans le respect de l’usage et de l’usager et dans une pérennité qui limite les maintenances et remplacements prématurés.
Parallèlement et dès que possible, il a été demandé aux entreprises d’avoir recours à des filières courtes et à des procédés de construction robustes, cohérents avec les propriétés physiques de l’existant.

En dernier lieu, la réhabilitation est devenue un enjeu de société qui axe souvent ses efforts sur l’énergie et la réparation. Si l’on ouvre la question de l’environnement à la dimension sociale, on constate que depuis 20 ans, le visage de la famille contemporaine a profondément changé. Multiples et en mouvement, les modes d’habiter peuvent aussi bien être ceux d’une famille monoparentale, recomposée, ou issus d’autres références culturelles, etc, qui impliquent des besoins et des façons singulières d’habiter le logement.

En héritage des expériences menées, à partir des années 70, sur la flexibilité, le projet tente d’apporter des éléments de réponse à ces mouvements. En convoquant le principe connu de la pièce en plus ou d’espaces à géométries variables, le logement s’adapte et multiplie les possibilités d’aménagement pour accueillir par exemple la venue d’un enfant, le télétravail, une garde d’enfant alternée, l’hébergement temporaire, etc.

Ce sont des panneaux en bois, mobiles, simples, solides, que chacun peut fermer ou ouvrir à sa guise, qui incarnent ce potentiel. Pouvoir moduler l’espace en fonction de ses besoins est aussi une façon de se saisir de son logement, de le faire sien, singulier, au gré de ses préférences et de leurs variations.

Cette réhabilitation témoigne tout d’abord de l’importance de l’impulsion du maître d’ouvrage, de sa commande et de son engagement dans la densité du projet. Elle témoigne également que la rénovation technique et énergétique ne peut être le seul axe auquel il convient de s’atteler dans la réhabilitation ordinaire de l’architecture : considérer l’empreinte écologique de l’acte de construire comme partie intégrante de l’économie d’énergie, préserver la technicité et la diversité des savoir-faire, et enfin projeter, adapter, au plus près des besoins d’aujourd’hui et des plaisirs d’habiter.

Fiche technique

Localisation
198  rue Raymond Losserand, Paris 14

Maîtrise d'ouvrage
Élogie

Maitrise d'oeuvre
Vazistas (Hellhake + Graves architectes) et Fay architecte

Dépôt du Permis de construire

Janvier 2013

Attribution du marché de travaux
Avril 2015

Démarrage des Travaux

Mai 2015

Logement témoin
Février 2016

Livraison
Août 2016

Surface plancher totale

678m carrés