Bibliothèques

UNIVERSITÉ POPULAIRE 2017 - COURS 2

Conférence du 18 février 2017 Par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.

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Le Pavillon de l'Arsenal invite tous les publics à venir découvrir et comprendre les fondements de l'architecture au travers de cours de cette université populaire animée par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d’architecture.

L’architecture ne doit-elle pas être considérée comme l’art de construire des mécanismes orthopédiques, des machines permettant aux hommes de se perfectionner et de persévérer dans leur être propre ?

Après un premier cycle de cours sur les notions fondamentales de l’architecture d’aujourd’hui, un second sur les démarches emblématiques de notre contemporanéité, nous vous proposons pour les trois prochaines années une réflexion sur les édifices, que nous classerons en trois catégories : les transformateurs, les collecteurs et les incubateurs.Qu’est-ce qu’un musée, une bibliothèque, un théâtre, une salle de concert ? Qu’est-ce qu’un stade, une église, un monument, un tribunal ? Qu’est-ce qu’un marché, une école, un lieu de travail, un logement ? Nous considérerons d’emblée ces constructions comme des mécanismes chargés de nous aider à accomplir les actes fondamentaux de toute vie en société. D’abord, les transformateurs qui nous apprennent à voir, à lire, à nous mettre en scène, à écouter et ainsi à persévérer dans notre destin de sujet. Ensuite, les collecteurs qui nous invitent à nous rassembler pour être ensemble, méditer, nous souvenir ou juger afin que nous puissions mieux nous comprendre nous-même. Enfin, les incubateurs qui nous accompagnent discrètement dans tous les moments de notre vie quotidienne – au marché comme à l’école, au travail comme à la maison - pour nous souffler le mot à dire, le geste à accomplir.


BIBLIOTHÈQUES
Si les musées contemporains se proposent comme des containers immergeant leurs visiteurs dans un univers de formes pour suppléer à l’épanouissement de leur imaginaire, les bibliothèques peuvent être considérées comme de véritables mécanismes orthopédiques favorisant la réflexion. Louis-Etienne Boullée imaginait sa bibliothèque comme un amphithéâtre de livres d’où le monde pouvait être lu et comme une scène montrant des savants en train de débattre ou d’écrire. Tandis qu’à Exeter, Louis Kahn propose une vision dualiste où l’espace lumineux du savoir s’oppose à celui, sombre et silencieux, de la révélation. Des questions de lumière et d’ombre qui prennent moins d’importance avec Rem Koolhaas. Son projet pour Jussieu se donne comme un sol unique et continu, un parcours initiatique scandé de nombreuses séquences programmatiques : auditoriums, magasins, espaces de détente... Quant à son projet pour la TGB, il s’affirme comme un espace cérébral dont les salles de lecture s’étirent comme des neurones pour connecter les zones de conservation. Mais la bibliothèque est aussi un équipement à la recherche de son identité, renommée médiathèque puis Learning Center ou simplement troisième lieu, elle tend à s’affirmer comme un entre-deux neutre favorisant le développement des individus en les libérant simplement des obligations de l’université ou du bureau, comme de celles du logement.

Biographie

Richard Scoffier est architecte et titulaire d'un diplôme d'études approfondies de philosophie. Après avoir obtenu en 1991 les Albums de la Jeune Architecture, il fonde une agence à Paris dont les maquettes d'étude ont récemment été exposées dans plusieurs Maisons de l'Architecture. Professeur titulaire de théories et pratiques de la conception architecturale et urbaine à l'ENSA de Versailles, il exerce une activité de critique et collabore depuis plus de dix ans à la revue d'A. Il a notamment publié : Scènes d'Atelier, le catalogue de l'exposition de Christian de Portzamparc au Centre Pompidou, en 1996 ; Les villes de la puissance, aux Éditions Jean-Michel Place, en 2000 ; Les 4 concepts fondamentaux de l'architecture contemporaine, aux Éditions Norma, en 2011, et le tome III de la monographie de Christian Hauvette, aux Archives d'Architecture Moderne, en 2015. Ces articles et ces ouvrages lui ont valu de recevoir en 2013 la médaille de l'analyse architecturale décernée par l'Académie d'Architecture.