Hier, il fallait construire pour le plus grand nombre, aujourd'hui on construit pour le déplacer, la valeur du temps prend le pas sur la géographie.
Gagner du temps semble signifier perdre le rapport au sol, être en extraterritorialité : une dématérialisation s'opère. 
Pour éviter les erreurs d'hier, il faut que ces transformations majeures ne soient pas réduites à leurs valeurs techniques, il nous faut retrouver les qualités sensibles du regard sur le paysage, les qualités construites des ouvrages d'art, les qualités de partage sur le territoire commun.
L'attention au caractère spécifique, situé, de l'espace public comme fondement du projet de franchissement ou de bâtiment, met la ville généreusement en dialogue, et réduit les limites qui la segmentent et la privatisent toujours davantage. 
La pensée sur la ville, comme la pensée sur le territoire semble s'abstraire dans les imageries mathématiques : chaos pour les uns, anamorphoses temporelles de la géographie pour les autres, réseaux virtuels pour tous.
A contrario, c'est l'attention sensible des lieux, la valeur des lumières, les plaisirs de la gravité et des matières mises en oeuvre qui pourraient assurer la générosité de l'espace partagé. 

Marc Mimram construit actuellement le premier immeuble pont à Paris Rive Gauche, la passerelle de Paris Batignolles et vient de remporter le concours pour le franchissement urbain de Pleyel.