Comme les années précédentes, nous allons revenir sur des actes triviaux qui nous paraissent naturels mais qui ne le sont pas, parce qu’ils sont produits par des dispositifs architecturaux qui, telles les mains d’un sculpteur, les modèlent et leur donnent forme. Jardiner, soigner, punir, jouir...
Soyons sérieux ! Quelle architecture peut prétendre produire de la jouissance, quand celle-ci trouve sa raison d’être dans la transgression de toutes les règles. Elle apparait à travers les obsessions pornographiques qui contaminent les projets dessinés de Jean-Jacques Lequeu alors que ses confrères les exilent prudemment en marge de leurs plans. Des provocations qui anticipent l’architecture molle et poilue invoquée par Salvador Dali pour prendre la relève de l’architecture orthogonale et protestante de Le Corbusier. Un refus de l’angle droit dans lequel s’engouffreront, autour des années 68, les architectes Pascal Häusermann, Jean-Louis Chanéac, Vladimir Kalouguine et Antti Lovag avec leurs coques sensuelles de béton projeté. Nous retrouverons cette transgression dans les dispositifs cherchant à provoquer de la disjonction et de la disruption construits par Bernard Tschumi pour le Parc de la Villette à l’aube des années 80. Ou encore dans les surfaces lisses et carroyées, dessinées par Superstudio, pour offrir des espaces non-coercitifs strictement ouverts à tous les possibles...